Commémoration des 50 ans de la loi IVG : paroles de mutualistes

Le 17 janvier 1975, la loi Veil sur l’IVG a été votée, permettant aux Françaises de pratiquer un avortement légalement et sans risque. Que faut-il en retenir 50 ans plus tard ? Quelles sont les priorités pour continuer de défendre la santé des femmes ? Témoignages de trois femmes mutualistes.

Dominique Joseph secrétaire générale de la Mutualité Française

Dominique Joseph, ex-secrétaire générale de la Mutualité Française et présidente de MutElles, le réseau des femmes en Mutualité, revient sur ses engagements en tant que femme mais aussi en tant que mutualiste engagée depuis 1983.  

 

Comment l’égalité femme-homme que vous défendez peut-elle influer sur la santé des femmes ? 

L’égalité femme-homme est portée par les piliers républicains « Liberté, égalité, fraternité mais aussi sororité". Ces piliers sont importants pour tous. En effet, faire progresser les droits des femmes contribue à faire avancer la société dans son ensemble. A travers MutElles, nous avons la volonté d’inciter à lutter contre toutes les formes d’inégalités, principalement les inégalités financières. L’histoire nous a démontré que les femmes les plus démunies ont pâti le plus des IVG clandestines car elles n’avaient pas les moyens de les pratiquer en toute sécurité. C’est encore le cas aujourd’hui. Malgré la légalisation de l’IVG en France, les femmes qui vivent dans des milieux précaires ou dans des zones rurales ont plus de difficulté à y accéder.  

Pensez-vous que l’entrée de l’IVG dans la Constitution a amélioré la situation ?  

Une étape stratégique a effectivement été franchie, le 8 mars 2024, avec l’entrée de l’IVG dans la Constitution. Malheureusement, on ne peut pas se réjouir trop vite surtout dans le contexte politique actuel. De nombreux pays, notamment les Etats-Unis mais aussi l’Egypte, le Nicaragua ou l’Afghanistan, n’hésitent pas à remettre en cause ce droit pourtant indispensable. Et dans notre pays, l’application de cette loi n’est pas toujours respectée. On déplore de nombreuses tentatives de dissuasion envers les femmes qui ont fait ce choix. 

De quel ordre ? 

Selon le baromètre IVG du planning familial publié en septembre 2024, « 1 femme sur 3 dit avoir ressenti une pression au moment de l’avortement, de la part des mouvements anti-choix, de professionnels de santé ou même de leur entourage ». Par ailleurs, les délais sont parfois très longs pour obtenir un rendez-vous, ce qui fait perdre beaucoup de temps aux femmes qui souhaitent recourir à l’IVG. Ainsi, « 54% des femmes qui ont avorté dans un établissement de santé ont dû attendre plus de 7 jours », déplore le planning familial. Mutualistes, continuons à nous mobiliser sur ce sujet ! 

Léonora Tréhel, ancienne présidente de la Mutuelle Familiale de 1999 à 2022 et ex-présidente de la Mutualité Française Ile-de-France, revient sur l’importance des actions menées par les mutuelles dans la lutte pour l’accès à l’IVG et pour l’amélioration de la santé des femmes. La Mutuelle Familiale a notamment œuvré au sein de la clinique des Bluets pour développer “l’accouchement sans douleur”.

Amélie Amore, administratrice Apivia Macif Mutuelle explique les initiatives qu’elle mène au sein de sa mutuelle.