Durant le confinement, de nombreux Français ont renoncé à se déplacer pour recevoir des soins, par peur de contracter le coronavirus. L’activité des professionnels de santé a été affectée. Pour assurer une continuité des soins, les établissements mutualistes et les professionnels de santé ont donc proposé des téléconsultations. Une initiative qui a porté ses fruits.
La télémédecine, remboursée par la Sécurité sociale depuis le 15 septembre 2018, peinait à se développer ces dernières années. Pendant le confinement, le recours à la téléconsultation s’est généralisé. La Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) recense plus de 4 millions de téléconsultations en avril 2020 contre seulement 40 000 en février.
Focus sur les centres de santé et sur la clinique Beau Soleil à Montpellier de Languedoc Mutualité
Groupe Eovi Mcd Santé et Services (Aesio)
Pendant la crise sanitaire, le réseau de soins Languedoc Mutualité, qui gère notamment des centres de santé (de la 32ème, Paul Valéry et Euromédecine) et la clinique Beau Soleil à Montpellier ainsi que la clinique mutualiste Catalane à Perpignan, a investi en urgence pour offrir des prestations de téléconsultation à ses patients.
Dans les trois centres de santé
« A Montpellier, sur les 3 centres de santé, nous avons équipé une dizaine de postes. Nous avons été opérationnels en une semaine, le 25 mars 2020 » explique Georges Le Bellec, médecin généraliste et Président de la commission médicale d’établissement (CME) des centres de santé. Il détaille : « lors de la crise sanitaire, j’ai perdu plus de la moitié de mon activité en présentiel. Comme pour mes confrères, la téléconsultation a compensé partiellement la baisse d’activité. De fin mars à mi-mai 2020, nous avons réalisé 387 téléconsultations, sur les 3 centres, soit environ 15 % de l’ensemble de nos consultations. Les 8 médecins présents (médecins généralistes, pédopsychiatre et gynécologue) ont utilisé ce dispositif. Les demandes concernaient essentiellement des suspicions de COVID et des renouvellements d’ordonnances. Nous avons été sollicités en majorité par des patients âgés de moins de 45 ans ».
A la clinique Beau Soleil
La clinique Beau Soleil, où l’activité sur place a chuté de 70%, a également développé cette nouvelle pratique : « depuis le 7 avril, nous avons 20 postes en téléconsultation » précise Eric Jacquet, chirurgien viscéraliste et Président de la CME qui poursuit : « 80% de nos 50 médecins ont utilisé ce dispositif. Cela nous a permis d’assurer 90% des consultations. Pendant le confinement, seuls les rendez-vous pour les urgences ou les prises en charge de patients en cancérologie étaient assurés en présentiel.
Une fois équipés, nous avons recontacté nos patients, qui avaient pris rendez-vous avant la crise sanitaire, pour leur proposer une téléconsultation. A l’exception de quelques cas qui nécessitaient un examen en présentiel (pour la cataracte par exemple), toutes les spécialités de la clinique ont utilisé le dispositif. Nous avons touché toutes les tranches d’âge. Les personnes âgées, qui constituent l’essentiel de notre patientèle en chirurgie viscérale ont consulté en visio avec l’aide d’une personne de leur famille ou directement par téléphone pour celles qui n’étaient pas équipées de smartphone ou de tablette.
Il s’agissait de suivis de maladies chroniques. Nouveauté : la Caisse nationale d’Assurance maladie nous a autorisé à prendre de nouveaux patients en téléconsultation. Auparavant, nous suivions à distance uniquement les patients que nous avions examiné au cours des 12 derniers mois ».
La téléconsultation a fait ses preuves
Concernant le bénéfice de cette pratique : « Psychologiquement, les patients étaient satisfaits d’être en contact, par visioconférence, avec leur médecin. Du côté des médecins, satisfecit également : la téléconsultation permet une plus grande souplesse au niveau des horaires de travail et du lieu. Certains médecins ont ainsi pu télétravailler » résume Georges Le Bellec.
Tant du côté des centres de santé que de la clinique, la téléconsultation a donc fait ses preuves. Les établissements de Languedoc Mutualité vont, à présent, voir si le soufflet retombe ou si le réflexe est pris par les patients.
« La téléconsultation pourrait connaître le même parcours que le paiement sans contact : le décollage a été lent mais la pratique est aujourd’hui bien ancrée » compare Georges Le Bellec qui prépare l’avenir : « Outre les centres de santé et la clinique à Montpellier, Languedoc Mutualité gère des Ehpad, nous pourrions proposer des téléconsultations aux résidents et leur éviter ainsi des déplacements ».
A Montpellier, les centres de santé et la clinique Beausoleil attendent donc les deux prochains mois pour voir s’ils continuent d’investir en équipement de téléconsultation et quelle stratégie adopter.
Durant le confinement, les conditions d'accès à la téléconsultation ont été assouplies
Les téléconsultations ont été provisoirement prises en charge à 100% par l’Assurance maladie obligatoire (contre 70% auparavant).
Prise en charge également des téléconsultations réalisées par téléphone pour les patients :
atteints du COVID-19 ;
en affection de longue durée (ALD) ;
âgés de 70 ans et plus ;
résidant dans les zones blanches ou isolés, n’ayant pas accès à un smartphone.
Les patients sont remboursés même s’ils n'ont pas été orientés par leur médecin traitant et si le médecin téléconsultant ne les connaît pas préalablement.
Ces mesures sont en vigueur jusqu’au 31 mai 2020.
Des établissements de santé engagés sur tout le territoire : des exemples à retrouver en vidéo