Grégory Émery : « La prévention doit devenir la seconde jambe de notre système de santé »

Grégory Émery, directeur général de la Santé, souhaite « enclencher le virage de la prévention » dans plusieurs domaines prioritaires : alcool, tabac, nutrition, environnement, santé mentale et sédentarité. Principal enjeu de la politique de santé, la prévention constitue une nécessité face aux transitions sanitaire, écologique et numérique, a-t-il déclaré le 25 septembre lors des Journées de rentrée de la Mutualité Française.

Grégory Émery a présenté les six axes majeurs sur lesquels orienter les actions de prévention.

Pour expliquer la nécessité de développer la prévention, dans son discours devant les mutualistes, Grégory Émery, directeur général de la Santé, a rappelé qu’elle permet de lutter contre les inégalités sociales en santé. « Je vais vous donner un chiffre qui doit nous interroger sur la manière de gérer les politiques de santé publique : à 35 ans, un homme cadre a une espérance de vie de 49 ans, là où un ouvrier a une espérance de vie de 42 ans », a déploré le Directeur général de la Santé. Il faut donc agir.

Autre problématique citée par Grégory Emery : le vieillissement de la population« On va avoir un besoin de santé qui va être très proche d’un besoin infini, comme en économie, alors même qu’on va avoir des ressources en regard, que ce soit sur l’attractivité des métiers, la formation, ou les questions capacitaires, qui ne vont pas croître autant », a-t-il constaté. Le directeur général de la Santé a mis l’accent sur l’estimation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) : « Deux milliards de personnes seront âgées de 60 ans et plus en 2050, contre 900 millions actuellement. » Le nombre de personnes âgées dans le monde aura plus que doublé en 35 ans.

Son verdict est sans appel : « Face à ces inadéquations qui vont devenir structurelles entre les besoins de santé et l’offre en regard, il y a une seule solution et c'est la prévention ! »

La prévention qui, par ailleurs, pourra se nourrir de la transition numérique« Là où on a potentiellement de la crise de la ressource, où on doit faire plus de prévention personnalisée, les potentialités offertes par le numérique, au sens large, outils de communication, d’informations, utilisation de la donnée par une intelligence possiblement artificielle, fait que demain, on peut utiliser, et d’ailleurs, on devra utiliser le numérique, pour aller vers plus de personnalisation, mais aussi pour couper les distances », a précisé Grégory Emery.

Le directeur général de la Santé a conclu sur la mise en œuvre des bilans prévention accessibles aux patients : « Il faut que chaque personne, dans le dialogue avec le professionnel de santé ait un plan d’accompagnement sur des objectifs qu’il pense atteignables. » Et du côté du personnel médical, l’enjeu est de « montrer au professionnel de santé qu’il peut exercer son métier de manière différente », avec la prévention comme « objet du quotidien ».

Lala Moulay