IVG : 50 ans de combat, de la déclaration de Simone Veil aux initiatives mutualistes d’aujourd’hui

simone veil

Le 26 novembre 1974 marque un tournant dans la lutte pour les droits des femmes. Il y a tout juste 50 ans, Simone Veil, ministre de la Santé, prononce un discours emblématique de la Ve République à l’Assemblée nationale. Elle défend le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), désormais inscrit dans la Constitution. Retour sur ce pan d’histoire et sur l’implication de la Mutualité Française.

« Aucune femme ne recourt de gaîté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes.» En 1974, dans un contexte politique compliqué pour les femmes, la voix de Simone Veil se fait entendre le 26 novembre à l'Assemblée nationale.

Alors ministre de la Santé du gouvernement de Valéry Giscard d’Estaing, elle lance le débat parlementaire qui aboutira à la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). La loi promulguée le 17 janvier 1975 autorisera l’IVG pour une durée initiale de cinq ans, puis la loi du 31 décembre 1979 reconduira ce droit sans limite. Le 8 mars 2024, la France a inscrit la liberté de recourir à l’IVG dans la Constitution de 1958. Objectif : garantir ce droit qui subit aujourd’hui des restrictions dans certains pays, comme les Etats-Unis ou la Pologne.

Cinquante ans après sa déclaration, Simone Veil reste à jamais celle qui a ouvert le chemin vers ce droit fondamental des femmes : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours », avait-elle déclaré devant les députés. Elle reprenait ainsi un combat déjà mené dans l’ombre par le Mouvement de libération des femmes (MLF), qui soutenait les femmes ayant recours à un avortement clandestin. Nombreuses d’entre elles ont d’ailleurs perdu la vie pour pouvoir disposer librement de leur corps.

« Si le législateur est appelé à modifier les textes en vigueur, c'est pour mettre fin aux avortements clandestins qui sont le plus souvent le fait de celles qui, pour des raisons sociales, économiques ou psychologiques, se sentent dans une telle situation de détresse qu'elles sont décidées à mettre fin à leur grossesse dans n'importe quelles conditions », avait clamé la ministre de la Santé, tout en rappelant que « la décision ultime ne peut être prise que par la femme ».

Le mouvement mutualiste a été précurseur dans cette lutte, particulièrement en matière d’orthogénie, c’est-à-dire la régulation des naissances. Avant la dépénalisation de l’IVG, la Mutuelle nationale des étudiants de France (Mnef) organise, durant plusieurs années, des voyages vers des pays où l’avortement est légalisé, pour permettre à des jeunes femmes de pratiquer une IVG en toute sécurité. Après son autorisation légale, la Mutualité Française poursuit son combat en préconisant le remboursement de cet acte médical. Dès 1975, la MGEN rembourse l’IVG avant même la loi Roudy (1982), qui prévoit sa prise en charge par la Sécurité sociale. 

  • Un bus pour la prévention et la santé des femmes entre en service en janvier 2025.  Cette initiative est portée par la Mutualité Française Jura SSAM, à la suite d’un appel à projet de l’Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté. Objectifs de cette action innovante : lutter contre le renoncement aux soins et proposer un meilleur accès des femmes à la santé sexuelle notamment pour le recours à la contraception, les dépistages, la prévention et l’accompagnement de grossesses précoces chez les adolescentes. L’équipe mobile sera composée d’une sage-femme et d’une assistante médicale. Quatre jours par semaine, le bus traversera le Jura à la rencontre de femmes habitant dans des zones rurales ou dans des quartiers prioritaires des villes de Saint-Claude ou Lons-le-Saunier. Il s'adresse aussi aux femmes qui sont en situation de handicap, de précarité ou en incapacité de se déplacer. Les consultations se dérouleront également en centre de santé ou en établissement médico-social.

 

  • Le Médipôle Hôpital Mutualiste à Villeurbanne offre une qualité de soins importante aux femmes de tous âges, ainsi que des consultations orthogéniques. Les professionnels de santé sont mobilisés pour aider chaque femme à disposer librement de son corps en accompagnant notamment les patientes qui pourraient ressentir des angoisses ou des questionnements liés à l'interruption de grossesse. Cela à travers un parcours de soins global avec un temps d'écoute et d'échange, ainsi que la possibilité d'interrompre sa grossesse à l'hôpital ou chez soi, par médicament ou par voie instrumentale et un suivi personnalisé de chaque femme après l'interruption de grossesse. Par ailleurs, le service d'orthogénie est étroitement lié aux consultations médico-juridiques pour les femmes victimes de violence, et aux consultations médico-sociales de la Permanence d'accès aux soins (PASS) pour les femmes sans droit, toutes réalisées au sein du MHM. Les femmes atteintes de handicap bénéficient elles aussi d'une prise en charge en orthogénie ou en gynécologie, sans limitation. Cet établissement propose également des consultations dédiées aux adolescentes, notamment sur le sujet de la contraception.

 

  • L’Institut Mutualiste Montsouris (IMM) est très impliqué dans la santé des femmes. Il propose également depuis 2006 un accompagnement en obstétrique et en gynécologie à des femmes en situation de handicap sensoriel ou moteur, et développe une prise en charge chirurgicale dédiée. Par ailleurs, en partenariat avec le Centre de Santé du Square de la Mutualité, l’IMM assure des IVG médicamenteuses ou chirurgicales, du stade précoce jusqu’au stade avancé de 16 semaines d’aménorrhée. Le Centre de Santé du Square de la Mutualité met en place une initiative visant à réduire les inégalités de santé qui touchent les femmes, en proposant des consultations médicales et des ateliers de prévention le samedi matin. Ce dispositif innovant permet aux femmes travaillant de nuit ou en horaires décalés (policières, femmes de ménage, personnel hospitalier…) d'accéder à des soins de qualité.

Jeanne Mulot