30 % des agents de la Fonction publique estiment que leur travail exerce une influence négative sur leur santé. 45 % d’entre eux pensent que les enjeux de bien-être et de santé au travail sont mal pris en compte par leur employeur. Ce sont quelques-uns des chiffres de l’étude menée par la Mutualité Fonction Publique (MFP) publiée dans la 3e édition du Mook « Indispensables & fragiles » intitulé « Si je vais mal, vous irez mal ». « La santé des agents de la Fonction publique a, en effet, des répercussions sur la qualité du Service public » explique Serge Brichet, le président de la MFP.
Souffrance éthique et déclin de la motivation
De ce troisième baromètre établi par l’Observatoire MFP des fragilités sociales et mené en 2022 avec l’Institut Harris Interactive, ressortent trois éléments structurels, selon Serge Brichet : « Il montre que les agents de la Fonction publique sont conscients que leur travail affecte la santé. 54 % d’entre eux pensent même qu’il aura une influence encore plus importante sur leur santé dans les prochaines années. Il confirme aussi qu’ils sont viscéralement attachés à leur mission et qu’ils ressentent une souffrance éthique quand ils ne peuvent pas l’exercer correctement. Fait marquant souligné par l’étude, leur motivation s’effrite : 39 % s’interrogent sur leur envie de poursuivre leur carrière dans la Fonction publique. »
Une dynamique de refonte
Pour dépasser ces difficultés, « une dynamique de refonte est nécessaire, souligne Serge Brichet. Dans ce cadre, la réforme la Protection Sociale Complémentaire (PSC) est une partie de la réponse. Elle prévoit que les employeurs publics participent à la couverture complémentaire santé. Toutefois, l’approche non globale retenue à date risque d’entraîner des conséquences pour les agents publics, notamment en matière de prévoyance. Nous réaffirmons auprès des employeurs la pertinence du modèle mutualiste avec son approche solidaire et ses réponses au plus près des agents sur le territoire. Une collaboration est nécessaire entre tous les acteurs de la protection sociale complémentaire pour favoriser le bien-être au travail et l’attractivité des métiers de la Fonction publique. »
Une revalorisation des agents
Pour Éric Chenut, Président de la Mutualité Française, l’enquête menée par l’Observatoire MFP conforte les appréciations sur tous les champs professionnels réalisées par la Mutualité Française, engagée dans les actions de qualité de vie au travail. « Pour favoriser une meilleure santé au travail, il faut le revaloriser par les salaires et par une reconnaissance accrue de la valeur des agents, mais aussi par l’accès aux services de santé au travail, actuellement très inégal dans la Fonction publique, explique Éric Chenut. La prévention des risques doit aussi être renforcée en tenant davantage compte des expositions professionnelles, avec une vigilance spécifique envers les seniors et les femmes. »
Changer d’échelle pour la prévention
Le président de la Mutualité Française souligne l’importance des questions prospectives et des enjeux politiques : « Il est nécessaire d’accompagner les femmes et les hommes dans les grandes transitions, d’en être les acteurs pour ne pas les subir. Le partage de valeur entre capital et travail doit permettre à chacun de vivre sereinement de son travail, de réduire les inégalités et d’assurer l’émancipation individuelle et collective. Les rémunérations doivent participer au financement des protections sociales en inscrivant la Sécurité sociale dans le temps long pour restaurer la confiance dans sa robustesse. » Éric Chenut appelle également à changer d’échelle pour la prévention en instaurant une culture de la santé publique et en développant la prévoyance. « Certes, la PSC permettra une meilleure participation des employeurs publics à la protection sociale, mais en cas de démutualisation, la prévoyance risque de reculer », avertit-il à son tour.
Une volonté de participer aux consultations de prévention
La Mutualité Française, tout comme la MFP, apporte des solutions et innove. La Mutualité Française s’est imposée comme un acteur majeur de prévention des risques cardio-vasculaires en promouvant le sport et l’activité physique adaptée. Des mutuelles développent des services de prévention secondaire et tertiaire ainsi que des dispositifs de retour à emploi. Toutes veulent aller plus loin. Même s’ils saluent l’intention forte du virage préventif, Serge Brichet et Éric Chenut regrettent l’insuffisance des moyens que lui alloue le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Ils affirment la volonté des mutuelles de co-financer les consultations de prévention à des âges clés. « Se priver des mutuelles, c’est se priver d’un levier d’une grande efficacité pour mener à bien ce virage préventif, regrette le président de la Mutualité Française. Il est nécessaire d’associer tous les acteurs, l’Etat, la Sécurité sociale, les établissements de soins et les collectivités territoriales, mais aussi les mutuelles, essentielles par leur action de proximité pour agir sur les déterminants de la santé et réduire les inégalités en matière d’espérance de vie. »
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Corinne Renou-Nativel