Faire de l’activité physique et apprendre à manger équilibré, c’est le programme proposé aux patients qui se rendent au centre de l’obésité Bernard Descottes situé à Saint-Yrieix-La-Perche, entre Brive et Limoges. Un établissement géré par la Mutualité Française Limousine et le groupe VYV.
Depuis 12 ans, cet établissement de soins médicaux et de réadaptation a mis le sport-santé à l’honneur. Clément Christen, cadre de rééducation, détaille le programme du centre de l'obésité Bernard Descottes.
Qui accueillez-vous ?
Nous avons 52 lits d’hospitalisation. Nous accueillons aujourd’hui des personnes en situation d’obésité : 50% viennent de la région et 50% du reste de la France. Les patients, en majorité des femmes, sont âgés de 16 à 75 ans, avec une moyenne d’âge de 55 ans. Ils ont un IMC supérieur à 35 ou à 30 avec des comorbidités : problèmes cardiaques, pulmonaires, ostéoporose, etc.
L’Indice de masse corporelle (IMC) permet de mesurer la corpulence d’une personne. Il se calcule en divisant votre poids en kilos par le carré de votre taille en mètre. On parle d’obésité quand l’IMC est supérieur ou égal à 30, d’obésité sévère de 35 à 39.9 et d’obésité morbide à partir de 40. L’obésité est une pathologie à part entière responsable d’une augmentation du risque de survenue de complications médicales : diabète, maladies cardiovasculaires, arthrose, cancers.
Quel est l’objectif du centre ?
Les patients, orientés par un médecin traitant ou un spécialiste, sont hospitalisés afin de bénéficier d’un programme établi sur 3 semaines. Le centre dispose d'une expertise dans la prise en charge de l'obésité et utilise l'éducation thérapeutique afin de guider le patient vers une amélioration de sa qualité de vie dans la durée. Il ne s’agit pas d’un centre de « régime » !
Il convient de prendre en charge la pathologie de l’obésité dans son ensemble et dans toutes ses composantes. Il faut non seulement apprendre au patient en quoi consiste l’équilibre alimentaire, mais aussi lui faire prendre conscience de la nécessité d’adopter un changement de comportement et de pratiquer une activité physique adaptée et régulière. Notre objectif consiste à rendre le patient « acteur et autonome» à l’issue des 21 jours.
Quels sont les professionnels de santé qui encadrent les patients ?
Nous disposons d’une équipe pluridisciplinaire. Elle est composée de 3 psychologues, 3 diététiciennes, 3 psychomotriciennes et 3 professeurs d'Activité physique adaptée (APA), des infirmières, aides-soignantes et Aides sociales à l’hébergement (ASH).
Nous travaillons de façon conjointe avec plusieurs médecins spécialistes : diabétologues, cardiologues, psychiatres, médecins de la reproduction et spécialistes de la douleur.
Des kinésithérapeutes libéraux viennent nous prêter main-forte pour les patients qui le nécessitent.
Mais les professionnels de santé ne sont pas les seuls à prendre soin de nos patients. Nous avons la chance de disposer de cuisiniers qui confectionnent des plats avec des produits frais et si possible locaux. Ainsi, les patients prennent conscience qu’ils peuvent manger de tout, équilibré et en se faisant plaisir. C’est une composante importante des messages que l’on veut dispenser.
Comment se compose le programme et quelles sont les activités sport-santé ?
Durant les 3 semaines d’hospitalisation, chaque patient suit 70 ateliers en cours collectif et bénéficie d’entretiens individuels avec les différents professionnels de santé.
Nous apprenons aux patients à préparer des repas équilibrés. Nous travaillons également sur les sensations alimentaires : comment la personne ressent la faim et le rassasiement mais aussi comprendre l’incidence du stress, des émotions sur la prise alimentaire.
La plupart de nos patients ne pratiquent pas ou peu d’activité physique. Les ateliers avec les psychomotriciennes et les APA leur permettent ainsi de reprendre confiance en leurs capacités physiques et leur possibilité de progression.
Nous organisons des séances d’aquagym, du renforcement musculaire, de la cardio avec tapis de marche et rameur, une initiation à la marche nordique. Nous privilégions toujours des exercices adaptés et personnalisés qu’ils peuvent refaire chez eux ou au sein d’une association sportive ou de sport-santé.
Quel est le suivi des patients ?
A l’issue de leur séjour, les patients ont accès à un suivi valable 5 ans pour faire un point régulier avec les professionnels de santé et maintenir ou renforcer leur motivation à moyen et long terme. Ils peuvent revenir une journée en hôpital de jour quand ils le souhaitent, au maximum une fois par mois. Les patients ont également la possibilité de bénéficier d’un suivi à la semaine sous modalité d’hospitalisation complète.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Un nouveau programme d'éducation thérapeutique de 3 semaines sera proposé aux patients à la fin de l'année 2024. Ce programme est conçu pour enrichir notre prise en charge en intégrant de nouveaux ateliers pratiques, tels que la culinothérapie, ainsi que des sessions sur les huiles essentielles, l'index glycémique et les perturbateurs endocriniens. L'objectif est d'offrir une approche plus complète et pratique pour améliorer la gestion de la santé des patients.
Par ailleurs, ce programme répond à un besoin de proximité pour les personnes résidant près de notre structure. Il sera proposé en hospitalisation de jour, permettant aux patients de suivre le programme pendant la journée tout en rentrant chez eux chaque soir. Ce format est idéal pour ceux qui souhaitent bénéficier d'un suivi intensif sans s'éloigner de leur domicile et leur famille.
Nous avons à cœur de toujours progresser dans notre prise en charge des patients obèses, que cela rentre dans un cadre de recherche clinique ou en offrant d’autres programmes de prise en charge thérapeutique.
Ainsi, nous allons lancer en 2025 un programme d’exercices physiques en visioconférence que nous proposerons à nos patients au retour au domicile, 3 jours par semaine. Les patients seront accompagnés pendant 6 semaines. Ce programme fera l’objet d’une thèse en partenariat avec l’Université de Limoges, afin d’évaluer l’efficacité de cette prise en charge éducative thérapeutique.
Nous souhaitons également proposer un programme adapté aux couples obèses en âge de procréer, qu’ils soient fertiles ou infertiles. En effet, l’obésité est délétère non seulement pour la santé des parents, pour leur fertilité mais aussi pour leur descendance.
Visite du centre de l’obésité Bernard Descottes avec les témoignages de Jessica Tavernier, directrice adjointe, et de Yannisse Guallah, un patient.
Chiffres clés
800 patients accueillis par an.
Le centre de l’obésité Bernard Descottes constate une amélioration de la qualité de vie sur les différentes composantes analysées à 6 mois de l’hospitalisation :
52% pour l’essoufflement
48% pour les troubles physiques
42% pour l’énergie/fatigue
21% pour les troubles émotionnels
18% pour la santé générale et pour la fonction sociale