C'est un quartier de Caen en pleine réhabilitation, où les échafaudages et les grues se partagent le terrain avec les immeubles neufs ou rénovés. Parmi ceux-ci, la résidence Luce (Lieu unique de cohabitation et d'entraide), gérée par la Mutualité Française Normandie Ssam (services de soins et d'accompagnement mutualistes). Ce nouvel établissement accueille des personnes en situation de handicap psychique (lire l'article Handicap psychique : faire cohabiter les "belles âmes") et un public en situation de handicap moteur.
Dans son appartement domotisé, Jérôme Charpentier, 42 ans, tétraplégique depuis "une chute de 27 mètres en voiture, dans une carrière le long de la A84, en 1995", commande grâce à sa téléthèse l'ouverture automatique de sa porte d'entrée, les lumières de son logement ou encore la fermeture des volets.
"Après plusieurs années en maison d'accueil spécialisée, je crie à haute voix que c'est le bonheur ici. C'est la liberté de faire ce que l'on veut, de prendre ses repas à l'heure qui convient, d'être chez soi", assure le jeune homme. Pas moins de sept professionnels de l'aide à la personne se relayent auprès de lui à différents moments de la journée pour les actes de la vie quotidienne.
Sur le même pallier, David Pacary, 48 ans, vient d'emménager. Ce gestionnaire de commandes chez Orange, atteint d'une sclérose en plaques évolutive, a besoin d'une assistance complète depuis 2012. "L'intérêt de cette structure, est qu'il y a quelqu'un en permanence, explique-t-il. J'habitais auparavant dans un logement individuel vaguement adapté à mon handicap, ce qui était beaucoup moins confortable. Et j'étais totalement isolé."
Un montage original
Grâce à un aménagement de son poste, David Pacary travaille à domicile. Un laser fixé sur un casque lui permet de viser les touches d'un écran d'ordinateur adapté, que ce soit pour manier la souris ou pour taper du texte. C'est également grâce à ce système qu'il actionne les lumières ou la porte de son logement.
Pour le reste, des auxiliaires de vie défilent chez lui matin et soir. "Le loyer est de 508 euros par mois, auxquels s'ajoutent 146 euros de charges, détaille-t-il. Je les finance grâce à mon salaire et à une aide accordée par la maison départementale du handicap (MDPH)." Mutualisée avec celle des autres locataires, celle-ci permet le financement d'une auxiliaire de vie 24 heures sur 24 dans la résidence.
"Les locataires doivent pouvoir mettre au pot commun trois heures de prestation de compensation du handicap (PCH)", détaille Isabelle Muller de Schongor, responsable de Caen familles services, le service d'aide à domicile (Sad) lui aussi géré par la Mutualité Française Normandie Ssam, qui met à disposition des auxiliaires de vie au sein de cet établissement.
"Ces auxiliaires ne se substituent pas aux aides personnelles de chaque résident, ajoute Béatrice Besnouin, responsable de la filière handicap, mais elles sont là en cas de souci, pour une aide ponctuelle, un coucher exceptionnel, une surveillance."
Grâce à ce montage original, les adultes en situation de handicap ont l'opportunité de vivre de manière plus indépendante, notamment vis à vis de leurs parents.
Handicaps : une nouvelle réponse d'hébergement
Gérée par la Mutualité Française Normandie Ssam (services de soins et d'accompagnement mutualistes), la résidence Luce (Lieu unique de cohabitation et d'entraide) est située à Caen, dans le quartier réhabilité de la Grâce-de-Dieu, sur l'emplacement de l'ancienne caserne de gendarmerie.
"La spécificité de cette structure, créée en mars 2017, est de proposer une solution d'hébergement à deux publics, des personnes en situation de handicap psychique, et des personnes en situation de handicap moteur, avec l'idée de créer entre eux une dynamique dans le vivre-ensemble", résume Erika Delsahut, directrice de la filière services à la personne.
Ainsi, la partie résidence accueil propose 20 logements F2 à des locataires souffrant de maladies psychiques. Des espaces communs (cuisine, salle à manger, séjour, salle d’activité) sont ouverts à tous.
Des hôtes de maison sont présents tous les jours de 14 heures à 21 heures. Ces aides médico-psychologiques, conseillères en économie sociale et familiale ou animateurs sociaux accompagnent les résidents dans l'organisation de la vie quotidienne et font le lien avec le milieu soignant et les familles.
De son côté, le service mutualisé d'aide à domicile (Smad) s'adresse aux adultes en situation de handicap moteur. Dix logements F2 adaptés leur sont réservés, ainsi qu'un service d’auxiliaires de vie capable d'intervenir 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour tous les actes non-programmés. Celui-ci est financé grâce à la mutualisation d'une portion de la prestation de compensation du handicap (PCH) de chaque locataire. Les logements, les parties communes et les extérieurs de la résidence sont domotisés pour faciliter les déplacements.
Photos ©Emmanuel Blivet
Sabine Dreyfus
© Agence fédérale d’information mutualiste (Afim)