Dans un entretien publié ce matin dans Libération (pages 16 et 17), Jean-Pierre Davant dénonce "les profondes inégalités dans les conditions d’accès aux soins". La première est d’ordre économique. "Cinq millions de Français ne bénéficient pas d’une couverture complémentaire santé", déplore le président de la Mutualité française, pour la simple raison "qu’ils n’ont pas les moyens de la payer". "Il s’agit le plus souvent de personnes dont les revenus sont très légèrement supérieurs au plafond de ressources" pour la couverture maladie universelle (CMU), rappelle-t-il. Or, ajoute Jean-Pierre Davant, "sans couverture complémentaire, il y a un certain nombre de soins de base auxquels on ne peut avoir accès, qu’il s’agisse des médecins spécialistes pratiquant des dépassements d’honoraires, du ticket modérateur […], qui peut, pour les soins dentaires ou la lunetterie, représenter l’essentiel du coût".
Une autre forme d’inégalité est liée à l’opacité du système de soins. "Elle est la conséquence du manque d’information et d’une absence de transparence sur la qualité du système" de soins. "Vous pouvez être riche, ou en tout cas avoir les moyens de payer des dépassements d’honoraires, et ne pas savoir comment bénéficier de soins de qualité", précise le président de la Mutualité française.
Qu’en est-il des inégalités géographiques ? "Face au cancer, on n’a pas les mêmes chances selon que l’on est à proximité de Villejuif ou au fin fond de la Creuse", fait observer Jean-Pierre Davant. "Mais ce n’est pas en conservant partout des hôpitaux généraux et des services de chirurgie qu’on réduira les inégalités géographiques". "On n’a pas de médecine de qualité sans pôle d’excellence. Et il ne peut y en avoir un par département".
Pour réduire les inégalités territoriales, Jean-Pierre Davant avance la possibilité de créer dans les zones rurales des "pôles médicaux ambulants, comprenant des médecins, des infirmières, des moyens techniques et administratifs". Cela suppose de changer le mode de rémunération à l’acte des médecins et par conséquent, "une remise en cause du système actuel, bien plus profonde que cela n’a été fait jusqu’ici", conclut le président de la Mutualité.
En vis-à-vis de l’interview de Jean-Pierre Davant, Libération (page 17) résume les propositions des candidats à la présidentielle en matière de santé : Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Dominique Voynet et Arlette Laguiller. Ainsi, Ségolène Royal promet de "réaffirmer le droit à la couverture maladie universelle" et de "sanctionner les refus de soins". En visite hier dans des hôpitaux lyonnais, la candidate socialiste a accusé son rival, Nicolas Sarkozy, de vouloir créer, avec son projet de franchises sur les soins, "un mur sanitaire entre ceux qui ont les moyens de se soigner et ceux qui ne les ont pas". La candidate socialiste estime que "les inégalités d’accès aux soins se sont accentué ces dernières années", ce qui a abouti à une "système de santé à plusieurs vitesses". Le candidat de l’UMP estime pour sa part que "la santé n’est pas un coût, c’est un investissement, une richesse, des emplois, de la croissance et surtout un bien-être qui n’a aucun prix". Pour François Bayrou, "il faut donner à la gestion de nos politiques de santé une dimension régionale […]".
La Tribune (page 30) indique que la candidate socialiste s’engage à revenir sur les forfaits instaurés par la réforme de l’assurance maladie : 1 euro sur les consultations et 18 euros sur les actes hospitaliers coûteux. Il est également question de financement de la protection sociale dans Les Echos. Sous le titre, "Sauvons la Sécu, à quel prix ?", ce quotidien publie le compte rendu d’un débat opposant Pascal Terrasse, député socialiste de l’Ardèche, et Laurent Wauquiez, député UMP de la Haute-Loire, sur la réforme de l’assurance maladie, la franchise ou encore des retraites…
Solvabilité 2 : les mutuelles entendues
Alors que se prépare la directive européenne Solvabilité II, les demandes des mutuelles ont été prises en compte par Bruxelles, indiquent Les Echos (page 30). En effet, la troisième étude d’impact, dénommée QIS 3, reconnaît la spécificité du risque santé. "Pour la Mutualité française, qui fédère 95 % des mutuelles santé, c’est incontestablement une bonne nouvelle", écrit la journaliste Géraldine Vial.
La Mutualité estimait, entre autres, que la volatilité du risque santé était largement surestimée jusqu’ici. Par volatilité, entendons la mesure de l’incertitude quant au résultat technique de la mutuelle. L’application de la formule standard pouvait aller jusqu’à multiplier par trois l’exigence de marque de solvabilité des mutuelles. "Dans le QIS 3, le chiffrage de la volatilité, tant du côté des cotisations que des provisions, a été diminué de moitié", se félicite Daniel Lenoir, directeur général de la Mutualité française.
Pratiques illégales à l’hôpital
"Dessous-de-table, extorsion de fonds : les patients accusent" : c’est le titre d’un long reportage publié dans Le Parisien/Aujourd’hui (pages 2 et 3). Après l’affaire de Chalon-sur-Saône, ou un patient a accusé son chirurgien de lui avoir demandé un "dessous-de-table", ce quotidien publie les témoignages de patients confrontés à des demandes "d’honoraires de dix, voire quinze fois" supérieur au tarif de la Sécu ou encore à des "extorsions de sommes en liquide pour se faire opérer". L’omerta sur ces pratiques financières illégales se lézarde…