Chiffres clés
- 2,5 millions de vies sont sauvées chaque année dans le monde grâce aux vaccins.
- 1 à 3% de la population française est anti-vaccin.
- De 10%, la part des parents hésitants est passée à 30%.
Dans l’éditorial de la revue, Thierry Beaudet, président de la Mutualité Française, rappelle que « l’innovation que le vaccin représente en fait le dispositif immunologique qui a sauvé le plus de vies à l’échelle mondiale. » Malgré sa valeur, le vaccin cristallise aujourd’hui encore des tensions, en particulier en France. Le neuvième numéro de Mutations, « Vacciner contre le doute », présente les regards croisés d’acteurs de terrain (patients, professionnels de santé, chercheurs), illustre l’avis d’experts, présente les stratégies vaccinales de nos cousins européens et décrypte les interrogations autour de ce sujet clivant.
Des critiques nées avec la vaccination au 18e siècle
Les détracteurs des vaccins ne sont pas récents. De fait, « la contestation est aussi vieille que la vaccination elle-même », souligne Patrick Zylberman, professeur émérite d’histoire de la santé à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). À l’époque, on s’inquiète du paradoxe consistant à s’injecter le germe d’une maladie pour la prévenir. Les freins sont également d’ordre religieux, car l’idée perdure que la vaccination viendrait perturber l’ordre cosmique voulu par Dieu. Enfin, on craint une conspiration de l’ordre des médecins visant à enrichir la profession. Aujourd’hui, certaines de ces craintes se rapprochent de croyances en un mythe naturaliste, selon lequel les vaccins ne sont pas nécessaires puisque la « nature fait bien les choses ».
Au fil du temps, l’effet bénéfique évident des vaccins contre les grandes épidémies et maladies mortelles et/ou invalidantes (variole, poliomyélite, rougeole) a gagné la confiance de la population. Aujourd’hui, « l’argumentaire des anti-vaccins repose sur une exagération considérable des éventuels effets indésirables de la vaccination, avec des allégations pour certaines complètements fausses, pour d’autres non démontrées », alerte Alain Fischer, professeur d'immunologie pédiatrique à l'hôpital Necker (Paris). Il affirme également que « les vaccins sauvent chaque année 2,5 millions de vies dans le monde ».
La question des adjuvants aluminiques
La présence des adjuvants est au cœur de certaines craintes concernant la composition des vaccins. Il n’existe pourtant pas de preuve épidémiologique de leurs effets indésirables, tandis qu’ils sont « nécessaires dans plusieurs vaccins utilisés de nos jours », plaide le Pr Philippe Sansonetti, infectiologue et microbiologiste à l’institut Pasteur. Utilisés depuis les années 1920, « s’ils étaient responsables de l’apparition de maladies neurodégénératives, nous le saurions déjà », ajoute-t-il.
Quant à lui, le Pr Romain Gherardi, chercheur au centre de référence des maladies neuromusculaires de l’hôpital Henri-Mondor (Créteil), déplore que « les études sur la sécurité à long terme des adjuvants aluminiques n’aient jamais été réalisées ni chez l’enfant, ni chez l’adulte ». Par conséquent, « le risque faible ou de survenue modérée n’est pas mesuré ». Même si des effets indésirables ont été relevés sur certaines personnes vaccinées, « le rapport bénéfice-risque reste nettement en faveur de la vaccination », relève le Pr Sansonetti.
La vaccination, une affaire de solidarité
Les politiques vaccinales varient au sein de l’Union Européenne, allant de l’incitation à l’obligation. Face à la recrudescence de cas de rougeole et de maladies infectieuses, l’Italie a étendu cette année son obligation vaccinale. Le Royaume-Uni, où l’obligation est inexistante, a toutefois lancé une campagne de vaccination face à la réduction préoccupante de la couverture vaccinale du ROR.
En effet, la vaccination est avant tout une affaire de santé publique. Se vacciner permet de se protéger soi et les personnes les plus fragiles dans son entourage (les nourrissons, les malades déficients immunitaires et les personnes âgées). Dans ce cadre, le rôle des médecins généralistes est primordial, « ils doivent être capable d’expliquer le bien-fondé de l’acte vaccinal », souligne également Alain Fischer.
Alors que le débat bat son plein, il est nécessaire d’informer les concitoyens et de mener un travail d’éducation à la santé et de pédagogie afin de restaurer la confiance dans les vaccins. L’adage prend ici tout son sens, il s’agit de prévenir plutôt que de guérir. « En santé, le meilleur soin reste toujours celui qu’on a pas eu à réaliser », rappelle Thierry Beaudet.
La revue Mutations est disponible par abonnement sur le site de la Mutualité Française.
Retrouvez des extraits du numéro 9 « Vacciner contre le doute » en ligne
À propos de la Mutualité Française
Présidée par Thierry Beaudet, la Mutualité Française fédère la quasi-totalité des mutuelles en France. Elle représente 650 mutuelles dans toute leur diversité : des complémentaires santé qui remboursent les dépenses des patients, mais aussi des établissements hospitaliers, des services dédiés à la petite enfance et des crèches, des centres dentaires, des centres spécialisés en audition et optique, des structures et services tournés vers les personnes en situation de handicap ou les personnes âgées…
Les mutuelles interviennent comme premier financeur des dépenses de santé après la Sécurité sociale. Avec leurs 2 600 services de soins et d’accompagnement, elles jouent un rôle majeur pour l’accès aux soins, dans les territoires, à un tarif maitrisé. Elles sont aussi le 1er acteur privé de prévention santé avec plus de 7 000 actions déployées chaque année dans toutes les régions.
Plus d’un Français sur deux est protégé par une mutuelle, soit 35 millions de personnes.
Les mutuelles sont des sociétés de personnes à but non lucratif : elles ne versent pas de dividendes et l’intégralité de leurs bénéfices est investie en faveur de leurs adhérents. Régies par le code la Mutualité, elles ne pratiquent pas la sélection des risques.
Présidées par des militants mutualistes élus, les mutuelles représentent également un mouvement social et démocratique, engagé en faveur de l’accès aux soins du plus grand nombre.
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